2.5.22

Pour que ni les « couples de légendes » ni les couples anonymes des prochaines décennies ne perpétuent la même farandole sinistre, peut-être devrions-nous suivre les préconisations de bell hooks : ne pas penser à l’amour comme à un simple sentiment qui autorise toutes sortes de comportements, mais comme à un ensemble d’actes. L’illumination lui est venue de l’auteur de développement personnel Scott Peck, qui propose de définir l’amour comme la « volonté d’étendre son moi dans le but de nourrir sa propre croissance spirituelle et celle de l’autre », comme le fait de travailler à la fois à son propre épanouissement et à celui de l’autre. Dès lors, remarque bell hooks, « il devient clair que nous ne pouvons pas prétendre aimer si nous sommes nuisibles ou violents. » (…) 


De même, cette nouvelle définition de l’amour suffit à balayer le mythe du « crime passionnel ». Denis de Rougemont le disait lui aussi, quand il analysait le goût morbide des Occidentaux pour la passion : « Etre amoureux n’est pas nécessairement aimer. Etre amoureux est un état ; aimer, un acte. » A la passion, dans laquelle l’autre n’est qu’un prétexte, une illusion, le philosophe suisse opposait un amour qui accepte l’autre tel qu’il est et travaille pour son bien. 


Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, Mona Chollet, 2021, p.150