28.6.20

25.6.20


Les Nanas, Niki de Saint Phalle, 1960s

20.6.20

"Afin de faciliter l’entrée des femmes migrantes et musulmanes dans ce marché, le fémonationalisme développe l’argument suivant : ces femmes - essentiellement musulmanes - doivent être sauvées de la domination masculine dont la brutalité est inhérente à leur culture, et leur émancipation ne peut émerger que si elles sont encouragées à entrer dans le marché néolibéral du travail. Les métiers qui les attendant - femmes de ménage, prise en charge des personnes âgées, garde d’enfant ou employées dans l’industrie de services de nettoyage - sont supposés leur faire gagner de l’autonomie et permettre aux femmes des classes moyennes européennes d’accéder à une vie professionnelle. Les féministes blanches, qui soutiennent ces campagnes, trouvent naturel d’inciter des femmes à occuper des fonctions que le féminisme, en son temps, a dénoncé comme aliénantes et que la domination masculine a réservé aux femmes."

Un féminisme décolonialFrançoise Vergès, 2019

18.6.20


Blue Nude (Leah), Georgia O’Keeffe, 1918


Swimming “(Not in Heenk)", Howard Hodgkin, 2011


George Harrison by Richard Avedon, 1967

The Royal Tenenbaums, 2001

16.6.20

"En France, où la doctrine républicaine se heurte aux impensés du passé colonial et aux défis du présent postcolonial, le féminisme est venu à la rescousse en identifiant féminisme à république. Peu importe que les femmes n’aient obtenu les droits les plus élémentaires que très tardivement sous la république, cette dernière sera dite de nature ouverte aux différences. S’efface dans ce récit le fait que ces droits ont été obtenus au prix de luttes. Est oublié que, alors que les femmes françaises obtiennent le droit de vote en 1944, ce droit sera durement entravé dans les départements dits d’outre-mer et ce jusqu’aux années 1980. Toutes les femmes qui vivent dans l’espace de la République française ne bénéficient pas automatiquement des droits accordés aux femmes françaises blanches."

Un féminisme décolonialFrançoise Vergès, 2019

11.6.20

"De quel genre est-il alors question sous l’esclavage ? Les femmes réduites en esclavage sont noires et femmes mais dans les plantations, tous les êtres humains esclavagisés sont des bêtes de somme. Au yeux des esclavagistes, les femmes noires sont des objets sexuels et non des êtres dont le genre demanderait qu’elles soient traitées avec douceur et respect. Esclaves, elles ont le statut légal d’objets, donc n’appartenant pas à la pleine humanité. Autrement dit, le genre n’existe pas en soi, il est une catégorie historique et culturelle, qui évolue dans le temps et ne peut être conçu de la même manière dans la métropole et la colonie, ni d’une colonie à l’autre ou à l’intérieur d’une colonie. Pour les femmes racisées, affirmer ce qui constitue pour elles être femme a été un terrain de lutte."

Un féminisme décolonialFrançoise Vergès, 2019

Giving in is not consent, 2020

"Or, si sur une longue période les femmes blanches n’ont effectivement pas pu jouir de nombreux droits civiques associés, elles ont eu celui de posséder des êtres humains ; elles ont possédé des esclaves et des plantations puis, à la suite de l’abolition de l’esclavage, ont été à la tête de plantations coloniales où sévissait le travail forcé. L’accès à la propriété d’êtres humains ne leur était pas refusé et ce droit leur a été accordé parce qu’elles étaient blanches. Une des plus grandes esclavagistes à l’île de La Réunion fut une femme, Madame Desbassyns, qui n’avait ni le droit de vote, ni de passer le baccalauréat, ni d’être avocat, ni médecin ou professeur à l’université, mais avait celui de posséder des êtres humains, classés comme « meubles » dans son patrimoine. Aussi longtemps que l’histoire des droits des femmes sera écrite sans tenir compte de ce privilège, elle sera mensongère." 

Un féminisme décolonialFrançoise Vergès, 2019

3.6.20