9.5.19

Par une sinistre ironie, les médecins et les chirurgiens s’étaient débarrassés des sages-femmes en les accusant, notamment, de malpropreté. Or, entre le XVIIe et le XIXe siècle, dans les premières maternités, où n’accouchaient alors que des femmes des classes populaires, la fièvre puerpérale faisait des ravages. En février 1866, par exemple, le quart de celles qui avaient accouché à l’hôpital-maternité de Paris moururent. Le médecin américain Oliver Wendell Holmes raconte qu’à Vienne, vers 1840, on les mettait à deux dans les cercueils afin de dissimuler l’hécatombe. (…) Au milieu du XIXe siècle, Ignace Philippe Semmelweis, qui exerçait à l’hôpital de Vienne, comprit l’origine de cette « épidémie » : après avoir disséqué des cadavres, les médecins allaient pratiquer des accouchements sans s’être laver les mains… Lorsqu’il obligea tous ses collègues à le faire avant d’entrer dans la salle de travail, le taux de mortalité chuta.

Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018