8.5.19

Jules Michelet affirme que les sorcières, à l’opposé, procédèrent à la « réhabilitation du ventre et des fonctions digestives ». « Elles professèrent hardiment : « Rien d’impur et rien d’immonde » (…) Rien d’impur que le mal moral. Toute chose physique est pure ; nulle ne peut être éloignée du regard et de l’étude, interdite par un vain spiritualisme, encore moins par un sot dégoût. » Selon lui, cette attitude allait déjà à l’encontre de la mentalité du Moyen Âge, qui, pratiquant une hiérarchie du « haut » et du « bas », jugeait l’esprit noble et le corps non noble, le ciel noble et l’abîme non noble : « Pourquoi ? « C’est que le ciel est en haut. » Mais le ciel n’est ni haut ni bas. Il est dessus et dessous. L’abîme, qu’est-ce ? Rien du tout. — Même sottise sur le monde, et le petit monde de l’homme. Celui-ci est d’une pièce ; tout y est solidaire de tout. Si le ventre est le serviteur du cerveau et le nourrit, le cerveau, aidant sans cesse à lui préparer le sucre de digestion, ne travaille pas moins pour lui.

Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018