11.5.19

Dans son livre Accouchement : les femmes méritent mieux, Marie-Hélène Lahaye ne se contente pas de dénoncer les violences obstétricales : indépendamment du comportement individuel, plus ou moins bienveillant, des médecins, des sages-femmes et des infirmières, elle montre en détail tout ce qu’il y a d’aberrant et de discutable dans la façon dont la plupart d’entre nous sont venu-e-s au monde et/ou ont accouché. Elle invite à revoir entièrement notre façon de concevoir et organiser la naissance, à laquelle nous sommes si habitués que nous n’imaginons même plus que l’on puisse faire autrement. Il y a pourtant beaucoup à contester, à commencer par la norme de la position allongée sur le dos, qui est la moins commode pour la femme et pour l’enfant, puisqu’elle les prive de l’aide de la gravité. Le médecin uruguayen Roberto Caldeyro-Barcia en parlait comme de la pire position, « à l’exception de la pendaison par les pieds ». Elle n’arrange en définitive qu’un seul protagoniste : le praticien placé entre les jambes de la parturiente, à laquelle il vole la vedette. L’équivalent, en somme, de la position du missionnaire dans l’acte sexuel, toutes deux étant considérées comme les seules « convenables » et mettant en scène « un homme actif et besogneux sur une femme passive plutôt allongée en étoile de mer ».

Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018