20.4.17

Si j'aime les fêtes, j'évite presque toujours ce que l'on appelle les dîners en ville (je ne parle pas des dîners entre amis, je parle des dîners dont le caractère mondain est plus ou moins admis). Cette réticence tient au fait que je suis incapable de m'adapter aux codes requis par le genre. Tout se passe alors comme si ma timidité resurgissait d'un seul coup, je redeviens la petite fille ou la jeune fille rougissante que j'étais, incapable de prendre part d'une manière naturelle et fluide à la conversation, avec ce sentiment terrible de ne pas être à la hauteur, de ne pas être à la bonne place, d'ailleurs, la plupart du temps, au-delà de quatre convives je deviens mutique.
Au fil du temps j'ai fini par comprendre - ou bien est-ce l'alibi qui me rend les choses acceptables - que la relation à l'Autre ne m'intéresse qu'à partir d'un certain degré d'intimité.

Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, 2015