12.2.19


C'est un effort et un luxe cette aventure qui se forme devant toi
Comme un paysage approchant et presque vierge
Mais avec son air de déjà-vu
Comme un paysage approchant et presque vierge
Mais avec son air de déjà-vu

Tant de conquête devant
Tant de soi joyeusement risqué
Tant d'autre à goûter
Et cette primeur si rare

Quand tu seras gaiement perdu·e dedans
Ce paysage et la vitesse
Peut-être un moment penseras tu
Effleuré·e par une odeur, une couleur, une température
Ou une émotion semblable à celle de ce matin du départ
Délesté, mais plein de promesses

Peut-être penseras- tu, ampli·e d'une gaie mélancolie
A ce poème d'Éluard
Qui fixe l’instant que tu es en train de connaître
Juste avant que tout commence

Prends garde, c'est l'instant où se rompent les digues
C'est l'instant d'échapper aux processions du temps
Où l'on joue une aurore contre une naissance
Bat la campagne comme un éclair

Répands tes mains sur un visage sans raison
Connais ce qui n'est pas à ton image
Doute de toi, connais la terre de ton cœur
Que germe le feu qui te brûle
Que fleurisse ton œil, lumière

Peut-être penseras-tu à ce matin du départ
Délesté, mais plein de promesse
Peut-être penseras-tu à ce poème d'Éluard
Qui fixe l'instant que tu es en train de connaître
Juste avant que tout commence

Prends garde à cet instant
Où l'on joue l’aurore contre la naissance
Où l'on joue l’aurore

(...)



Extrait : Le départFeu! Chatterton, L'Oiseleur, 2018