D'ailleurs, selon L., nos somatisations avaient pour fonction principale de révéler une angoisse, une peur, une tension que nous refusions d'admettre. Elles nous adressaient un message d'alerte. (...)
La théorie de L. me semblait assez juste : selon elle, afin de ne pas solliciter toujours les mêmes organes, au fil du temps, nous changions de mode de somatisation, passant de la migraine aux brûlures d'estomac, puis des brûlures d'estomac aux ballonnements, puis des ballonnements aux douleurs intercostales. L'avais-je remarqué ? Chacun de nous, s'il y réfléchissait, avait connu différentes périodes de somatisation et avait mis à l'épreuve différents organes afin de ne pas épuiser toujours le même. Il suffisait d'écouter les gens parler de leurs petits maux.
Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, 2015