5.6.15

"Ces guerres tribales, comme la pratique de l'excision, sont la conséquence de l'agressivité et de l'égoïsme des hommes. Je n'aime pas dire cela, mais c'est pourtant vrai. Ils agissent ainsi parce qu'ils sont obsédés par leur territoire, leurs possessions, et les femmes sont dans cette dernière catégorie, aussi bien sur le plan culturel que légal. Peut-être que si l'on émasculait les hommes, mon pays deviendrait un paradis! Ils se calmeraient et se montreraient plus sensibles au monde qui les entoure. Sans ces poussées régulières de testostérone, il n'y aurait plus ni guerres, ni massacres, ni vols, ni viols. Si on leur tranchait les parties génitales, et qu'on les laissait ensuite errer sans soins, saigner à mort ou survivre, peut-être comprendraient-ils pour la première fois ce qu'ils font subir aux femmes!  
Mon but est d'aider les femmes d'Afrique. Je voudrais les voir devenir fortes et non plus faibles, car la pratique de l'excision les affaiblit tant physiquement qu'affectivement. Les femmes sont l'épine dorsale de l'Afrique ; elles assument la plus grande partie du travail, et je songe à tout ce qu'elles pourraient accomplir si elles n'étaient pas mutilées dans leur enfance, diminuées pour le restant de leur vie."

(...)
"Je pense que le corps que Dieu m'avait donné à la naissance était parfait. Les hommes m'ont volé, ôté ma force et laissée infirme. On m'a dérobé ma féminité. Si Dieu avait jugé que certaines parties de mon corps étaient inutiles, pourquoi les aurait-il créées?"


Waris Dirie (& Cathleen Miller), Desert Flower, 1998
Chapitre : Réflexions sur mon pays