Mais comme l’écrit Marie-Hélène Lahaye, brandir le spectre de la mort « est la meilleure arme pour dissuader les femmes d’aspirer au respect de leur corps et pour maintenir leur soumission au pouvoir médical ». A en croire Martin Winckler, c’est aussi la meilleure arme pour dissuader les étudiants en médecine de poser trop de questions sur les pratiques qu’on leur enseigne, en les terrorisant : « Si tu n’apprends pas les bons gestes, et si tu ne les fais pas comme on te les apprend, les patients mourront. » Souvent, la menace est très exagérée — en particulier s’agissant des femmes enceintes, qui ne sont pas malades. Mais soit : parfois, elle est bien réelle. Face à un médecin, on est toujours en position de faiblesse : parce qu’on souffre d’une affection plus ou moins grave, et éventuellement mortelle ; parce qu’il détient un savoir qu’on n’a pas et que si quelqu’un a le pouvoir de nous sauver, c’est lui ; parce qu’on est couché et qu’il est debout, comme disait Desproges.
Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018