Ayant cessé d’être perçue comme un giron nourricier, la nature devient une force désordonnée et sauvage qu’il s’agit de dompter. Il en va de même des femmes, montre Carolyn Merchant (The Death of Nature). Celles-ci sont dites plus proches de la nature que les hommes et plus passionnées qu’eux sexuellement (l’entreprise répressive réussira si bien que, aujourd’hui, elles passent pour moins sexuelles que les hommes). « La sorcière, symbole de la violence de la nature, déchaînait des orages, causait des maladies, détruisait les récoltes, empêchait la génération et tuait les jeunes enfants. La femme qui causait du désordre, comme la nature chaotique, devait être placée sous contrôle. » Une fois jugulées et domestiquées, toutes deux pourraient être réduites à une fonction décorative, devenir des « ressources psychologiques et récréatives pour le mari-entrepreneur harassé ».
Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018