De même, les femmes devaient souffrir en mettant leurs enfants au monde pour expier le péché originel. Les guérisseuses les soulageaient avec de l’ergot de seigle, dont sont encore dérivés de nos jours certains médicaments administrés pendant et après l’accouchement. Nombre des plantes qu’elles utilisaient font ainsi toujours partie de la pharmacopée moderne : « Ce furent les sorcières qui développèrent une compréhension approfondie des os et des muscles, des plantes et des médicaments, alors que les médecins tiraient encore leurs diagnostics de l’astrologie. »
Autrement dit, l’audace, la clairvoyance, le refus de la résignation et l’arrachement aux vieilles superstitions n’étaient pas forcément du côté que l’on croit. « Nous avons des preuves abondantes que les prétendues « sorcières » figuraient parmi les personnalités les plus profondément scientifiques de leur temp », écrivait déjà Matilda Joslyn Gage en 1893. Les associer au Diable signifiait qu’elles avaient outrepassé le domaine auquel elles étaient censées se cantonner, et empiété sur les prérogatives masculines. « La mort par torture était la méthode de l’Eglise pour réprimer l’intellect des femmes, la connaissance était considérée comme maléfique entre leurs mains. »
Sorcières, La puissance invaincue des femmes, Mona Chollet, 2018