Rappelons d’abord que les jupes, talons hauts, collants fragiles, bijoux encombrants, lingerie fine, sacs à main et autres accessoires censés être consubstantiels à la féminité ne vont pas de soi. Certaines peuvent préférer une tenue plus pratique, qui leur permette de courir, travailler en étant libres de leurs mouvements, de bricoler. Elles peuvent aussi avoir envie d’établir leurs relations avec les hommes sur une base qui marque moins la différence des sexes. C’est à chacune d’arbitrer l’importance qu’elle veut accorder respectivement à son confort, à sa capacité d’agir, et à la recherche ou la séduction de sa tenue. Par ailleurs, le choix de ne pas trop s’exposer, de ne pas porter de vêtements trop moulants, ne relève pas forcément d’une déviance ou d’un blocage qu’il s’agirait de pulvériser toutes affaires cessantes : il peut aussi traduire un réflexe légitime d’auto protection, de quant-à-soi. (…) On peut mettre du temps à apprivoiser la féminité ; on peut aussi ne jamais y venir, et ne pas s’en porter plus mal.
Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet, 2012, p.244