6.10.24

Ils ne se rendent pas compte de la violence que c’est de subir toutes ces obligations à longueur de journée, de l’impact que ça finit par avoir sur nos esprits, sur notre santé mentale, sur notre rapport à nous et à l’autre, parce que au final il n’y a que le résultat qui les intéresse. Ils se foutent complètement de la façon dont on y arrive du moment qu’on y arrive, et si en prime on a la décence de donner l’impression qu’en plus d’être naturel c’est facile, alors là, on gagne le trophée de femme idéale. Comme des canards, ils s’attendent à ce qu’on glisse gracieusement à la surface sans que personne puisse voir nos petites pattes qui s’agitent frénétiquement sous l’eau pour nous propulser. 

Et bien sûr, bien sûr, tout ce cirque ne serait pas complet si je n’étais pas, en plus de tout ça, violemment en colère contre moi à la fois parce que je n’arrive pas à être cette femme parfaite mais aussi parce que je m’en veux de le vouloir encore. Je m’en veux de continuer à faire la roue pour des tocards qui ne savent même pas s’essuyer le cul correctement.



Vénère. Être une femme en colère dans un monde d’hommes, Taous Merakchi, 2022, p. 154