6.10.24

Comment expliquer, alors, que depuis qu’on a commencé à déconstruire tous ces réflexes, on soit si nombreuses à ressentir ce besoin de « sororité » qu’on entend partout ? Comment expliquer qu’on se sente mieux, physiquement et mentalement, quand on fréquente plus de nos semblables, plus de personnes minorités et marginalisées, quand on s’éloigne des hommes cisgenres ? Parce que aujourd’hui, quand je suis avec mes copines, même s’il nous arrive de critiquer d’autres personnes de notre entourage plus ou moins proche, pour des raisons plus ou moins valables, on y met beaucoup plus de nuances. Il y a beaucoup plus de conscience, derrière chaque critique il y a la même remise en question : pourquoi je pense ça aujourd’hui ? Pourquoi ce comportement me fait réagir comme ça ? Pourquoi je rejette cette personne qui, a priori, ne m’a jamais fait de mal ? Et systématiquement, on reconnaît nos biais, on fait la liste des raisons qui expliquent ces réactions épidermiques, et, sans se flageller, on prend toutes ces conclusions en considération pour éviter de tomber dans des pièges qui ont été tendus par ceux que ça arrange de nous voir ennemies et désolidarisées.

Vénère. Être une femme en colère dans un monde d’hommes, Taous Merakchi, 2022, p. 159