18.3.24

La rue est à eux


Mais okay, d’accord, si vous ne voulez pas céder de terrain, pas abandonner votre statut d’animal, je ne vous forcerai pas. Dans ce cas, mettons-nous simplement sur un pied d’égalité. Vous voulez être des bêtes sauvages, ressembler aux lions et aux gorilles ? Très bien, mais dans ce cas, laissez-nous en faire autant. Si nous ne sommes que des animaux, si nous n’avons que des réflexes très naturels, si la violence et l’attaque sont dans nos gênes, alors nous imiterons nous aussi les femelles du règne animal.


A nous les décapitations et le cannibalisme post-coïtal, à nous la chasse, la prise en main, à nous la quête de fécondation et le rejet du mâle une fois son office accompli - et quelques secondes, pas plus, ensuite oust, du balai. Vous voulez être lion ? Je serai veuve noire, mante religieuse, lionne endurcie. N’oubliez pas non plus qui déboule quelques années après l’éjaculation pour prendre la place du patriarche. Nous irons arpenter la savane et nous reviendrons avec nos fils et nos filles pour qu’ils vous terrassent, nous élèverons ceux et celles qui causeront votre perte et mettrons fin à votre règne. C’est à nous que revient cette tâche, après tout, nous sommes les mères, celles qui élèvent, qui nourrissent, qui inculquent les valeurs importantes et les bonnes manières. C’est pas ce que vous réclamez depuis toujours ? Et puisque cette responsabilité est entre nos mains, c’est à nous aussi de décider ce qu’on transmet.



Vénère. Être une femme en colère dans un monde d’hommes, Taous Merakchi, 2022, p. 61-62