La colère est dans l’air
Les gens aiment bien dire que l’indifférence vaut mieux que la haine — parce que la haine signifie qu’on ressent encore quelque chose, alors que l’indifférence, c’est être au-dessus de tout ça. Et ça faisait très beau comme citation au Stabilo rose dans mon agenda au collège. Sauf que « tout ça » est tellement énorme en ce qui nous concerne que l’indifférence risque de nous consumer et de nous tuer. C’est justement parce qu’il y a trop d’indifférence qu’on avance pas aussi vite qu’on aimerait. C’est l’indifférence qui permet aux violences physiques, verbales, politiques, médicales, sociales, professionnelles, de perdurer sans répercussions. Nous conseiller l’indifférence plutôt que la haine, ça veut dire qu’on nous reproche d’être dans l’émotion vive, au lieu d’être cérébrales, calmes et distantes.
Et on sait bien que les émotions vives, chez les femmes, ça fait mauvais genre.
Vénère. Être une femme en colère dans un monde d’hommes, Taous Merakchi, 2022, p. 45