2.11.23

 A propos de « l’affaire DSK » et de « l’affaire Polanski »


Nombre de commentateurs y ont démontré à quel point leur vision de l’érotisme se passait aisément de cette broutille que représente à leurs yeux la réciprocité du désir. Le langage utilisé n’a cessé de manifester une inconscience totale de la ligne de démarcation existant entre un rapport sexuel et un viol. L’expression « affaire de moeurs » a été utilisée dans les premières dépêches qui ont suivi l’arrestation de Polanski, ainsi que dans la pétition du cinéma mondial lancée en sa faveur ; quelques voix se sont élevées pour objecter que, s’agissant de la pénétration et de la sodomie d’une adolescente de treize ans préalablement saoulée au champagne et shootée au Quaalude, c’était un peu léger. De même, il y a eu, dans l’affaire DSK, le fameux « troussage de domestique » lancé par Jean-François Kahn, qui ramenait Nafissatou Diallo au cliché dépersonnalisant de la « soubrette », l’effaçant du tableau en tant qu’individu.



Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet, 2012, p.267