Hors de question que je vive comme tout le monde et que je consacre l’essentiel de mon temps à me remplir de nourritures industrielles, images ineptes et musiques dépourvues d’âme. On se résigne toujours trop vite à être une poubelle. Ça m’a amusée quelques mois, le temps de comprendre de quoi il retournait et de quoi était faite la vie des autres, mais ça aussi c’est terminé. J’ai reçu l’amour en héritage, et avec lui, le devoir d’en divulguer la bonne nouvelle, comme une traînée de poudre incandescente dans une société qui ne veut pas d’amour et encore moins d’incandescence, une société qui préfère être une décharge à ciel ouvert, un gigantesque établissement d’hébergement pour personnes malheureuses et cruellement dépendantes de ce qui les tue.
Arcadie, Emmanuelle Bayamack-Tam, 2018