Debout devant la glace, Connie essayait de chanter en harmonie sur un des 45 tours sirupeux et mélancoliques que nous écoutions avec une obstination fanatique. Des chansons qui enflammaient ma propre tristesse légitime et l’alignement imaginaire de mon être sur la nature tragique du monde. Combien j’aimais me torturer de cette façon, attiser mes sentiments jusqu’à ce qu’ils deviennent insupportables. Je voulais que tout dans l’existence soit habité par cette frénésie, gonflé d’importance, afin que même les couleurs, le temps qu’il faisait et les goûts soient davantage saturés. Voilà ce que promettaient ces chansons, ce qu’elles extrayaient de moi.
The Girls, Emma Cline, 2016