L’absence de perspectives de tous ordres, la dureté des relations sociales provoquent un repli des femmes sur les domaines qui leur ont toujours été réservés et qui, jugés étouffants il n’y a pas si longtemps, leur apparaissent désormais comme des abris préservés, intimes, rassurants, parés de tous les attraits. L’espace et les valeurs domestiques (vocation maternelle, cuisine, pâtisserie, couture, tricot) font l’objet d’un réinvestissement massif, de même que les compétences esthétiques : mode, beauté, maquillage, décoration…
(…) Ainsi se remet en place cet ordre tracé au cordeau que la contestation des années 1970 avait ébranlé : aux hommes l’abstraction, la pensée, le regard, les affaires publiques, le monde extérieur ; aux femmes le corps, la parure, l’incarnation, le rôle d’objets de regards et de fantasmes, l’espace privé, l’intimité.
Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine, Mona Chollet, 2012, p.28-29.