"Afin de faciliter l’entrée des femmes migrantes et musulmanes dans ce marché, le fémonationalisme développe l’argument suivant : ces femmes - essentiellement musulmanes - doivent être sauvées de la domination masculine dont la brutalité est inhérente à leur culture, et leur émancipation ne peut émerger que si elles sont encouragées à entrer dans le marché néolibéral du travail. Les métiers qui les attendant - femmes de ménage, prise en charge des personnes âgées, garde d’enfant ou employées dans l’industrie de services de nettoyage - sont supposés leur faire gagner de l’autonomie et permettre aux femmes des classes moyennes européennes d’accéder à une vie professionnelle. Les féministes blanches, qui soutiennent ces campagnes, trouvent naturel d’inciter des femmes à occuper des fonctions que le féminisme, en son temps, a dénoncé comme aliénantes et que la domination masculine a réservé aux femmes."
Un féminisme décolonial, Françoise Vergès, 2019