"Personne ne rejoint nos brigades pour le plaisir, docteur. Tous les garçons que tu as vu, les uns avec des frondes, les autres avec des lance-roquettes, détestent la guerre comme c’est pas possible. Parce que tous les jours, l’un d’eux est emporté à la fleur de l’âge par un tir ennemi. Eux aussi voudraient jouir d’un statut honorable, être chirurgiens, stars de la chanson, acteurs de cinéma, rouler dans de belles bagnoles et croquer la lune tous les soirs. Le problème, on leur refuse ce rêve, docteur. On cherche à les cantonner dans des ghettos jusqu’à ce qu’ils s’y confondent tout à fait. C’est pour ça qu’ils préfèrent mourir. Quand les rêves sont éconduits, la mort devient l’ultime salut…"
L'attentat, Yasmina Khadra, 2005