1.9.17

Interview de Fanny Ardant, Marie Claire, septembre 2017 (extrait)


Avez-vous voulu vous marier un jour ?

Non. J’ai toujours pensé que les grandes passions étaient clandestines.

Le grand amour est une subversion ?

J’ai surtout un problème avec la société. J’ai toujours pensé que le regard de la société est dangereux pour l’individu. La société est intéressante pour la provoquer. Mais il faut s’en éloigner, faire des allers et retours. Et en même temps, je suis contradictoire, car je crois qu’il n’y a rien de plus beau qu’une famille.

(...)

Moi qui suis asociale, quand je vais très, très mal, je compte beaucoup sur l’Autre, avec un grand A. N’importe qui peut m’inviter, je dirai oui tellement je sais que le salut viendra de l’Autre.

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Parmi les choses que j’aime le plus dans la vie, il y a les vraies conversations. A quoi bon se voir si c’est pour ne rien dire d’intéressant ? J’aime que quelqu’un agrandisse ma vision des choses, quand on peut revenir sur une idée préconçue. C’est ça que j’attends ; qu’on me parle.

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Dans la mémoire collective, Staline c’est la terreur. Mais dans nos démocraties, tout le monde subit un pouvoir, des gens se suicident au travail. Que devient-on devant ce pouvoir ? On s’agenouille ? C’est pour ça que j’aime les personnes très âgées. Leur plus grande qualité c’est l’insolence, plutôt que de se faire pardonner d’exister ou de rentrer dans le rang.

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Les seules lois qui resteront valides ce sont les lois bibliques : « Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas... » La jalousie, la vengeance, tout ce qui est primitif, n’évolue pas. Il n’y a pas de progrès dans les sentiments !

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Je comprends l’ivresse, cette tentative d’atteindre quelque chose. Et je comprenais l’alcoolisme mondain. On peut arriver quelque part et être plombé. Un château-margaux — dans le meilleur des cas ! J’ai plus d’attirance pour l’alcoolique que pour celui qui va à la salle de sport.